Cette année, Interreg fête son trentième anniversaire en se concentrant sur trois thèmes d'intérêt pour la cohésion européenne: la jeunesse, une Europe plus verte et nous avons tous des voisins. Dans ce cadre, nous présentons chaque mois l'un de nos projets emblématiques lié à l'un de ces thèmes.

Ce mois-ci, nous avons discuté avec l'équipe du projet Open2Preserve, un projet qui réduit le risque d'incendies dans les zones de montagne.

1. Sur quoi porte OPEN2PRESERVE?

Open2preserve est un projet né de la connaissance de la réalité du monde rural abandonné dans les zones de montagne défavorisées. Au cours des dernières décennies, ces zones ont subi un grand changement de paysage, les paysages en mosaïque et les zones ouvertes ont disparu du au manque de gestion et ont produit une accumulation de combustible végétal, ce qui augmente le risque d'incendies. Le changement climatique aggrave ce problème, avec des vagues de chaleur et des sécheresses plus intenses. Cela provoque des incendies plus graves et de plus grande ampleur. Par conséquent, les méga-incendies qui dépassent la capacité d'extinction deviennent plus fréquents, comme ceux qui se sont produits récemment dans d'autres régions de la planète, en Californie ou en Australie. Le risque dans le territoire Sudoe est tout aussi important et nous devons prendre des mesures pour relever ce défi.

Le projet Open2preserve vise à démontrer qu'il est nécessaire de combiner connaissances et techniques de différentes disciplines pour obtenir des résultats satisfaisants et que dans la bonne combinaison d'alternatives se trouve la solution: il faut fusionner les connaissances scientifiques (écologie du feu, éthologie animale, écologie végétale, ...), et techniques (pâturage dirigé, brûlage contrôlé, ..) pour obtenir des résultats positifs à moyen terme.

2. Dans quelle mesure la transnationalité est-elle essentielle pour ce projet?

Elle est essentielle sous deux aspects: d'une part, elle permet de mettre en place des expériences pilotes dans des régions qui, au niveaux environnemental et sociopolitique sont différentes mais qui partagent néanmoins des problèmes similaires. Ensuite, la transnationalité permet d'apporter des connaissances complémentaires et pluridisciplinaires des différents partenaires du projet, constitués par des organismes techniques de gestion, des universités, des administrations régionales, des centres technologiques et des chambres agricoles. Ce partenariat composé de 13 partenaires, allie connaissances et expériences dans des aspects aussi variés que l'utilisation du feu maîtrisé (Sud de la France, Catalogne), le pastoralisme à fonctions environnementales (Andalousie, Navarre), les pratiques sylvopastorales (Galice) et les stratégies de valorisation rurale (Nord du Portugal).

3. Comment le projet se développe-t-il de façon spécifique ?

Le projet a établi huit expériences pilotes sur le territoire portugais, français et espagnol où les pratiques des herbivores pyriques sont émulées, c'est-à-dire que l’on combine à partir d’outils modernes l'action ancestrale du feu (brûlage contrôlé) et de l’action des herbivores (pâturage dirigé) pour consolider les zones ouvertes et favoriser les paysages résistants au changement global. Dans les zones critiques pour la lutte contre les incendies, ces zones ouvertes représentent une opportunité de contrôle des incendies. De cette façon, un traitement initial des feux d'hiver contrôlés et de faible intensité est utilisé et l'espace ouvert créé est maintenu et consolidé au fil du temps au moyen de pratiques de pâturage dirigées de bovins autochtones, revalorisés en raison de leur rôle environnemental, en tant que biodégradeur, face à leur rôle traditionnel de producteur alimentaire.

Dans les expériences pilotes, les effets environnementaux des pratiques combinées sur les caractéristiques du sol, la biodiversité et la croissance de la végétation qui en résultent sont surveillés. Des pratiques modernes sont également testées pour être en mesure de mener une gestion pastorale plus efficace avec des outils TIC. Enfin, le projet teste des solutions de valorisation économique de ces pratiques au niveau régional.

 

4. Quels résultats sont attendus? Sont-ils exportables vers d'autres régions de l'Union Européenne?

Les résultats des pratiques des herbivores pyriques en cours sur le territoire seront visibles à moyen terme. L'extension du projet, 3 ans, avec la mise en œuvre des pratiques au début de la deuxième année, est suffisante pour que des changements soient détectés au niveau du suivi scientifique (des sols et de la végétation), mais pour observer des changements significatifs dans le paysage, des périodes plus longues sont nécessaires.

Sans aucun doute, les résultats sont exportables sur l'ensemble du territoire européen qui subit les ravages de l'abandon des usages de la montagne et les conséquences du changement climatique. Les régions d'Europe centrale et septentrionale, où les incendies de forêt étaient rares et de faible gravité, subissent ces dernières années un changement progressif du régime incendiaire, en devenant des épisodes plus graves et destructeurs. De plus, ces pays n'accumulent pas de connaissances et d'expériences dans la prévention et l'extinction des incendies de forêt, contrairement à d'autres pays du sud du continent où le feu a toujours été présent (Portugal, Espagne, Italie, Grèce, ..). L'application de grandes mesures de prévention des incendies et, avec elle, la création de paysages résilients dans des environnements anthropiens, est une tâche qui concerne tout le continent.

 

5. Pourquoi OPEN2PRESERVE est-il un projet qui devrait intéresser tout le monde?

Parce-que les effets du changement global, qui incluent le changement climatique et les changements d'utilisation des terres, sont présents et nous affectent tous. Nous devons en être conscients, comprendre le fonctionnement des écosystèmes et le risque de non-gestion dans les milieux humanisés et agir en conséquence, en développant des initiatives pionnières comme celle-ci, qui sont le reflet du développement ultérieur des politiques de gestion des territoire

 

6. Quelle est la contribution d'Interreg?

Interreg permet, avant tout, de développer une prise de conscience sociale et une prise de conscience de ce problème, qui jusqu'à présent semblait se réduire à la compréhension de techniciens et de scientifiques connaissant bien l'environnement naturel. Le projet prévoit également le financement nécessaire pour pouvoir mettre en œuvre les expériences pilotes démonstratives, le suivi environnemental nécessaire et l'expérimentation de nouveaux outils et stratégies de valorisation économique qui contribuent à faire de ces pratiques régionales une réalité dans un avenir proche. Enfin, le projet est le meilleur outil existant pour faire connaître, diffuser et communiquer les résultats des expériences et démontrer leur applicabilité dans de nombreuses régions du territoire confrontées à des problèmes similaire